L’architecture au service de la pédagogie

Les conditions d’apprentissage des élèves à l’école sont souvent pointées du doigt, et notamment depuis la crise sanitaire et l’instauration de cours en distanciel. Pour améliorer la pédagogie, il est parfois nécessaire de revoir l’architecture des lieux scolaires. Un critère dont on ne perçoit pas forcément l’utilité, mais qui peut grandement jouer sur les résultats des élèves.

Quand il s’agit de trouver des réponses à l’exclusion, au harcèlement, au décrochage scolaire ou à toute autre problématique qui touche les établissements scolaires et leurs locataires, on ne pense pas de prime abord à l’architecture. Pourtant, l’environnement des élèves et des professeurs a une influence non négligeable. Une fois pris en compte, ce critère révèle toute son importance. Des cantines trop bruyantes au toilettes infréquentables, les exemples qui nécessitent l’intervention de l’architecture sont nombreux. Mais plus que de simples détails, quelques changements sur les murs peuvent ouvrir de nouvelles perspectives et aider l’apprentissage.

Par exemple, l’accès à la culture et à la lecture. Dans des collèges situés en zone d’éducation prioritaire, les CDI (Centres de documentation) sont souvent situés à l’étage. Mais pendant les pauses, les enfants ne peuvent pas rester dans les couloirs. En rejoignant la cours de récréation, ils sont obligés de faire une demande spéciale pour se rendre dans ce lieu et d’attendre à un endroit précis. En plus de cette inaccessibilité, c’est un comportement difficile à assumer pour certains, qui n’osent pas s’exprimer sur cette volonté. Les CDI sont alors désertés. Un changement de vision et une rénovation architecturale permet dans ces cas de déplacer le CDI pour en favoriser l’accès. Ces exemples sont accentués avec l’arrivée du numérique dans les écoles. Dans tous les établissements, de la maternelle à l’université, de nouvelles demandes apparaissent : prises pour recharger ses équipements, projecteurs, tables et chaises adaptées, salle de visioconférence, etc.

Des actions concrètes dans les établissements

Conscients du rôle fondamental que peut jouer le lieu sur l’apprentissage, certains acteurs se mobilisent pour rénover et moderniser les établissements. C’est le cas Maurice Mazzalto, ancien chef d’établissement, expert et consultant, il a publié un livre consacré à ce sujet en 2017 puis en 2020. Photos à l’appui, il veut montrer que « lorsque l’architecture prend en compte les différences d’âges, de sexe, d’activités, elle offre des lieux qui permettent des relations apaisées et favorisent un vivre ensemble de qualité ». Des collectifs sont également à l’œuvre pour agir concrètement. C’est le cas de « travaux d’École ». Créé par des architectes et designers, il se veut comme un réservoir de pensées et de pratiques pour accompagner la transformation de l’école, en misant sur la co-construction avec les acteurs du lieu.

Les clés sont ensuite dans les mains des collectivités publiques en charge de la gestion de ces établissements. Mais les freins économiques et les contraintes de temps mettent à mal la bonne volonté de certains. Du côté de l’éducation nationale, tous les enseignants et inspecteurs ne sont pas formés à cette problématique. Un frein supplémentaire quand cela conduit à l’achat de mobilier non approprié à l’apprentissage, comme des chaises à roulettes pour les jeunes ou des tables en triangle peu pratique pour les usages du quotidien.

Pour motiver les collectivités et les établissements à revoir leurs pratiques, le ministère de l’éducation nationale, de la jeunesse et des sports à mis en place un dispositif : Archiclasse. Il permet d’accompagner les décideurs à intégrer l’usage du numérique dans les établissements scolaires. Même s’il est basé sur la pratique du numérique, il permet d’enclencher une réflexion sur la place de l’architecture au service de la pédagogie. De nombreux exemples de rénovations d’écoles sont mis en avant sur le site, de quoi inspirer les autres à passer le cap.