La métropole lyonnaise est une des pionnières en France dans la gestion des eaux de pluie. Elle mise sur la désimperméabilisation des sols afin d’éviter les inondations, mais veut également mieux utiliser l’eau de pluie comme ressource. Son projet, Ville Perméable, met en avant les différentes techniques alternatives qui permettent d’éviter le rejet systématique des eaux pluviales dans le réseau de canalisations. L’objectif est aussi de sensibiliser tous les acteurs du territoire (architectes, urbanistes, maitre d’œuvre…) à l’importance d’agir concrètement dans ce domaine.
- L’élu présente son initiative
Hervé Caltran, responsable d’unité Direction de l’Eau de la métropole du Grand Lyon
« Pour mettre concrètement en œuvre la désimperméabilisation des villes, la direction de l’eau a débuté par la mise en place d’un projet appelé ville perméable. Son objectif était de montrer concrètement que la désimperméabilisation via les techniques alternatives était efficace et de lutter contre les a priori négatifs de ces méthodes : inefficacité, difficulté d’entretien, coût élevé. Un groupe de travail comprenant les directions de l’eau, de la propreté, de l’aménagement, de la logistique/ patrimoine/bâtiments du Grand Lyon et de la direction des espaces verts de la ville de Lyon s’est réuni. Quatre groupes thématiques ont été constitués : un sur la pollution, un sur le changement climatique, un sur le coût global et le dernier sur le niveau de service. Plus d’une vingtaine d’ouvrages ont été visités afin d’évaluer les réalisations puis d’identifier les freins ainsi que les réussites. À partir de ces éléments des guides techniques ont été réalisés et des formations pour les agents mises en place. Chaque direction (et service) s’est ainsi trouvée engagée dans cette démarche. Il y a eu un véritable échange et partage.
Aujourd’hui, dans chaque projet, qu’il soit porté par des acteurs de l’aménagement urbain, de la construction des bâtiments métropolitains ou de la voirie, la question des eaux pluviales est identifiée. Des solutions pour la gestion de ces eaux par infiltration sont mises en place dès que c’est possible (noues, tranchées d’infiltration, bassins d’infiltration en structure alvéolaire ultra légère, matériaux poreux…). Sur les projets, une très grande majorité des eaux de ruissellement est gérée à la parcelle. Si la gestion à la parcelle n’est pas possible des techniques de rétention puis de rejet à débits limités sont proposées (pour éviter des surcharges des réseaux).
Par ailleurs, nous travaillons à une meilleure récupération des eaux de pluie, à la fois pour les utiliser comme ressource (arrosage, nettoyage, eaux sanitaires…), mais aussi tout simplement pour qu’elles évitent d’aller dans les réseaux d’assainissement. »
- Quel impact sur le territoire ?
La direction adjointe de l’eau de la métropole est en train de cartographier précisément les secteurs désimperméabilisés. C’est la première étape pour estimer la quantité d’eau qui ne part plus au réseau. Une première estimation de l’impact est attendue d’ici un an. Dans un premier temps, l’impact risque cependant d’être très modeste car la désimperméabilisation de l’espace public va être de l’ordre de la centaine d’hectares alors que les surfaces imperméables se chiffrent en milliers d’hectares. L’impact sera vraiment mesurable d’ici quelques années lorsque le nouveau PLUH qui impose une gestion des eaux à la parcelle aura commencé à faire sentir ces effets.
- À savoir avant de dupliquer l’initiative
Les élus ont connu plusieurs difficulté dans le développement de ce projet d’envergure. D’abord, il a fallu lutter contre les habitudes d’aménagement : imperméabilisation, ruissellement et récupération des eaux dans un tuyau. Ensuite, il faut gérer au quotidien le fait que la problématique de gestion des eaux, comme nombre de thématiques environnementales, arrive très tard dans la gestion des projets. « On a plutôt l’habitude d’adapter l’environnement au projet et plus rarement le projet à l’environnement, ce qui est indispensable pour la gestion des eaux », précise Hervé Caltran. Le nombre d’acteurs à convaincre est aussi un frein dans un projet urbain. « Il y a les architectes, les urbanistes, les aménageurs, les maîtres d’ouvrages, les maitres d’œuvres, les entreprises, les gestionnaires, les différents services de la métropole…. Les niveaux de connaissance et les convictions des uns et des autres étant très hétérogènes, les réticences peuvent être nombreuses », explique l’élu. Cependant, celui-ci souligne que le projet Ville perméable a enclenché une véritable dynamique au sein des services métropolitains.

Jusqu’à la fin des élections municipales, Impact(s) fait le Tour de France à la recherche d’initiatives d’élus locaux ayant eu un impact positif sur leur territoire.
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