Épisode 8 : Le « sport sur ordonnance » pour lutter contre les maladies liées à la sédentarité

Depuis un décret de décembre 2016, les médecins ont la possibilité de prescrire à leur patient du sport pour prévenir certaines maladies. Certaines collectivités locales, comme Marcq-en-Barœul (59), ont décidé de s’emparer de ce programme. Elles proposent à leurs habitants touchés par des affections de longue durée ou des maladies chroniques un bilan et des activités sportives.

  • L’élu présente son initiative
    Didier Ellart, médecin spécialiste et maire-adjoint de la ville de Marcq-en-Barœul, en charge de la santé

« Nous avons mené une réflexion qui a duré entre 18 et 24 mois. En tant que médecin et convaincu par l’intérêt du dispositif, j’ai vraiment souhaité que nous le mettions en place. Le premier modèle sur lequel il faut réfléchir, c’est le côté médical. Il fallait informer les médecins généralistes. Sur la commune, nous avons 27 médecins généralistes. Nous avons communiqué de manière progressive. Nous avons travaillé avec les professionnels de santé. Nous avons fait des réunions d’information et de sensibilisation. Elles nous ont permis de travailler tous ensemble sur le projet. Le deuxième axe de réflexion concerne le modèle sportif. Nous avions, sur notre territoire, des éducateurs formés aux activités sportives adaptées. Enfin, le dernier modèle à étudier avant de se lancer concerne l’aspect économique. Pour l’instant, il n’y a pas de remboursement par la Sécurité Sociale de la prise en charge du « Sport sur ordonnance ».

Concrètement, la première étape se déroule dans le cabinet du médecin. Il doit prescrire à son patient des séances de sport sur une ordonnance. Ensuite, ce dernier doit prendre contact en mairie avec un référent qui jouera le rôle de coordinateur. C’est un enseignant diplômé en APA (Activité Physique Adaptée). Il va réaliser le premier plan d’entrée dans le dispositif avec des tests physiques et un entretien relationnel. Après, un programme de prise en charge sur une année est rédigé pour le patient. Il y a trois moments clé : le bilan initial, un bilan au bout de 6 mois et un bilan de fin. La ville prend en charge les trois bilans. C’est un coût de 100 euros par personne et par an. Par la suite, le patient va avoir deux séances de sport par semaine. Nous lui demandons deux euros par séance afin qu’il y ait un engagement de sa part. Le reste est financé par la mairie. »

  • Quel impact sur le territoire ?

L’inactivité physique est la troisième cause de mortalité dans le monde. La sédentarité est responsable de 10 % des décès en Europe. La pratique d’une activité physique et sportive régulière permet d’éviter 30 % des cas de maladies cardiovasculaires. Elle permet de réduire 20 à 25 % les risques de cancer du sein et du colon, diminue de 50 % les risques de diabète de type 2 et de 30 % les risques d’accident vasculaire cérébral (AVC). L’activité régulière retarde la perte d’autonomie de 7 à 10 ans et augmente l’espérance de vie. La pratique d’une activité physique régulière permet une prévention primaire, pour éviter la maladie ainsi qu’une prévention secondaire pour freiner l’évolution d’une maladie et enfin une prévention tertiaire pour réduire les complications récidives de la maladie.

  • À savoir avant de dupliquer l’initiative

L’ensemble du dispositif, si on inclut le personnel et les locaux coûte 50 000 euros par an à la commune. Les élus conseille de ne pas se lancer à l’aveugle et de bien travailler en amont sur ce dispositif. « Il faut savoir que c’est un dispositif contraignant, mais qui peut avoir un réel bénéfice sur la population », estime l’adjoint en charge de la santé.

Jusqu’à la fin des élections municipales, Impact(s) fait le Tour de France à la recherche d’initiatives d’élus locaux ayant eu un impact positif sur leur territoire.

Des reportages constructifs pour inspirer les candidats et créer des ponts avec les citoyens.