En développant son projet « Arcueil Comestible », la mairie propose à ses citoyens de se réapproprier les espaces verts de la ville. Objectif : rendre la notion d’agriculture urbaine bien réelle, avec en ligne de mire non seulement la sensibilisation des citoyens mais aussi le développement d’une production locale. Le projet a été entièrement co-construit avec les Arcueillais depuis 2014, ce qui en fait également un exemple de participation citoyenne.
- L’élu présente son initiative
Simon Burkovic, adjoint au maire d’Arcueil en charge de la Transition Écologique, des espaces verts et la nature en ville.
Lors des dernières élections municipales, nous avions mis en place un Conseil municipal de l’utopie et du rêve. L’objectif était de pouvoir s’autoriser tout ce que l’on voulait. Chacun pouvait y proposer son projet. Dans ce cadre, j’ai proposé d’entamer une transition vers une ville comestible qui comprendrait des potagers, des vergers… Tout en travaillant sur l’agriculture urbaine et notre rapport à l’alimentation.
Concrètement, nous n’avons rien inventé. L’association Vergers Urbains, active dans la région parisienne, a beaucoup travaillé autour du concept de ville comestible. Nous nous sommes aussi inspirés des travaux réalisés par les « Villes et Territoires en transition », de Rob Hobkins. L’idée, c’est de travailler sur la manière de reprendre le contrôle de l’alimentation en ville. Il y a cette volonté de tendre vers l’autonomie. Dans l’espace urbain, nous sommes dépendants des différents circuits de distribution et de l’espace disponible. Nous avons donc voulu réfléchir à la manière dont on peut cheminer avec nos propres forces vers une réappropriation de la production.
Pendant un an, nous avons réalisé un travail interne avec les services. Nous avons construit la stratégie de lancement. En mars 2015, nous avons pu passer à la deuxième étape, le lancement public de la démarche. Nous avons fait une réunion publique qui a attiré 125 personnes. C’était une belle réussite. Nous avons pu découvrir qu’il y avait une véritable attente citoyenne. Notre stratégie était d’allumer une étincelle. Cela a fonctionné. Durant cette deuxième étape, qui a duré jusqu’à début 2017, nous avons eu une démarche de co-construction avec les citoyens. Certains groupes ont travaillé sur la vision, d’autres sur le concret. Il fallait agir tout de suite. En avril 2017, nous avons constitué le collectif Arcueil Ville Comestible avec des élus et des citoyens. C’est ce collectif qui a été le vecteur d’action. Dès cette réunion d’avril, nous avons également décidé de mettre en place un jardin tout de suite. En mai, nous avons donc lancé le premier jardin partagé, Cauchy-La-Fontaine au cœur d’Arcueil. Nous voulions que ce soit une action virale pour montrer à quoi peut ressembler la ville comestible.
L’objectif de la ville n’est n’est pas forcément d’investir 100% des espaces libres car il y a également d’autres projets et d’autres démarches. Nous savons qu’en produisant uniquement dans la ville, nous n’aurons pas une autonomie alimentaire de 100%. À Arcueil, si on s’en sort bien, on sera peut-être à 5 ou 10%. Nous avons donc également pensé depuis le début la création d’une relation avec les territoires ruraux autour d’Arcueil. L’idée est de développer des circuits courts agricoles. Il ne faut surtout pas s’enfermer dans l’idée de tout produire en ville.
- Quel impact sur le territoire ?
En s’appuyant uniquement sur des espaces vacants de la ville, Arcueil a déjà créé plusieurs types de jardins collectifs, encore actifs aujourd’hui. La ville compte quatre jardins partagés, destinés à créer du lien social et de lanimation dans les quartiers, et deux jardins familiaux, plus concrètement dédiés à la production alimentaire. Enfin, la ville a mis en place des jardins pédagogiques, avec un personnel municipal dédié, dont le but est de créer des projets périscolaires de jardinage avec les écoles maternelles et primaires.
- À savoir avant de dupliquer l’initiative
Le projet fonctionne sur un système 50-50 entre la ville et les citoyens. Arcueil finance l’investissement (barrières, récupérateur d’eau, cabane pour les outils…) et les citoyens ou les associations fournissent les plantes et entretiennent l’espace. Le but est d’avoir les deux acteurs qui s’impliquent conjointement. Le budget annuel d’investissement est de 50 000 €, plus un budget de fonctionnement de 20 000 €. Enfin, la ville a engagé une animatrice jardin et une chargée de mission nature en ville à plein-temps. Les élus en charge du projet soulignent qu’un investissement humain est indispensable pour parvenir à mobiliser les citoyens, condition indispensable de la réussite d’un tel projet. Enfin, il faut travailler pour créer du lien entre les agents, qui travaillent en journée, et les citoyens, présents le soir et les week-ends.

Jusqu’à la fin des élections municipales, Impact(s) fait le Tour de France à la recherche d’initiatives d’élus locaux ayant eu un impact positif sur leur territoire.
Des reportages constructifs pour inspirer les candidats et créer des ponts avec les citoyens.