Chaque mois, vous avez la possibilité de réagir au sujet du dossier et d’échanger avec nos journalistes ou les intervenant.e.s des différents reportages. Nous échangeons directement avec vous par mail, mais nous sélectionnons également trois questions, qui ont été les plus posées ou nous semblent les plus pertinentes, et partageons les réponses avec tous les abonnés. L’occasion de compléter les informations ou d’approfondir la question grâce à vos remarques.
Quels sont les retours des médecins qui pratiquent dans les centres de santé ?
Le principal avantage décrit par les médecins rencontrés lors de ce reportage porte sur l’absence de tâches administratives, qui permet de se concentrer sur la pratique de la médecine. « On a beaucoup plus de temps à consacrer à nos patients, et ce temps est vraiment dédié au temps médical. C’est déjà un exercice différent. Ensuite il y l’avantage du salariat, et l’absence de contraintes administratives liées à l’exercice en libéral. » Au centre départemental de Saone et Loire, on apprécie également la présence de confrères. « Le fait de travailler en groupe, c’est quelque chose que je recherchait. Ça offre la possibilité de réfléchir collectivement, de se consulter sur certains cas difficiles. » Enfin, la diversification des activités est également citée. « On peut travailler sur des types très différents de patientèle. On peut aussi aller dans les antennes, en milieu plus rural. On peut également faire des actions de prévention de santé publique, ou des actions pour le département. »
Comment peut-on saisir sa collectivité pour la motiver à développer ce service ?
Comme tout citoyen, vous pouvez écrire à vos élus locaux pour attirer leur attention sur certains sujets. Mais le développement d’un centre de santé, comme toute action d’une collectivité publique, nécessite une longue réflexion en amont car il n’est pas nécessairement adapté à tous les territoires. En outre, cela implique un investissement financier important au lancement (deux millions d’euros dans le cas du département de Saône et Loire), même si le fonctionnement permet l’équilibre financier à la fin des trois premières années. Enfin, cela nécessite également un dialogue bien au-delà du simple corps politique, car les collectivités qui ont mis ce système en place précise que la réussite est liée à l’implication du corps médical déjà présent sur le territoire.
Combien de centres de ce type existent-ils en France ?
Actuellement, le ministère des Solidarités et de la Santé comptent 1600 centres de santé en France, dont 320 centres polyvalents, c’est-à-dire qui regroupent plusieurs spécialités. Les centres de santé doivent élaborer un projet de santé attestant de leur exercice, et peuvent conclure avec l’Agence Régionale de Santé de leur territoire un contrat permettant le versement d’une aide financière. À l’exception des centres de soins infirmiers, les centres de santé sont implantés majoritairement en milieu urbain.
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SOS médecins à la campagne
Quand la ruralité sera-t-elle aux petits soins ?
28 février 2020 – 20h00 – Salle Roidot, Aignay-le-Duc (21510)
Entre 2010 et 2018 la France a perdu 6500 généralistes et on prévoit une perte de 6000 médecins supplémentaires d’ici 2025. Nos campagnes sont les premières victimes de cette pénurie. Plusieurs raisons à ce manque crucial de praticiens : beaucoup moins de jeunes médecins ont été formés ces dernières années. D’autre part les jeunes généralistes travaillent en moyenne moins d’heures par semaine que les anciens. La question de la santé concerne également les hôpitaux des communes de taille modeste qui perdent non seulement des compétences, mais aussi des patients. Illustration alarmante chez nos voisins du sud-haut marnais qui, à 41%, se dirigent d’emblée vers Dijon et son CHU.
Constater le péril des soins à la campagne ne suffit pas à provoquer le débat dans les forums des solutions dont le titre explicite bien les intentions des rendez-vous publics. Les solutions ne manquent pas. La première qui suscite un grand nombre de projets est la création de maisons pluridisciplinaires ou pluri-professionnelles. En Côte-d’Or, Châtillon-sur-Seine prévoit la sienne tandis que Montbard en dispose déjà d’une.
Autre solution, le développement de la téléconsultation. 500000 consultations en télémédecine auront été effectuées en 2019. Ce qui est peu au regard des 200 millions de consultations réalisées chaque année en France par les médecins généralistes. Il est donc évident que la télémédecine ne résoudra pas tous les problèmes.
La bourse et la campagne : des aides financières peuvent être versées dans les dernières années de formation en échange d’une première installation en milieu rural. L’exercice demeure toutefois limité sur quelques années. Il reste une bonne incitation. Nos sénateurs débattent d’un abandon du numerus clausus, donc de la limitation du nombre d’étudiants chaque année. 45000 étudiants restent sur le carreau à l’entrée des facs de médecine à chaque reprise. Il s’agirait alors de réorienter ces déchus et de réorganiser les premiers cycles des études de médecine. A ce titre, plus d’un quart des nouveaux inscrits à l’ordre des médecins ont obtenu leur diplôme à l’étranger. Mais au fait : forme-t-on des médecins généralistes à l’université ? Autre solution : favoriser les stages des étudiants dans les maisons médicales à l’image de ce qui est mis en place par la maison médicale de Seurre en Côte-d’Or.
Pourtant des facteurs propices à une amélioration des services de soin et de santé font leur apparition, à commencer par l’installation de néo-ruraux de plus en plus jeunes dans nos campagnes. Les jeunes attirent les jeunes. Les raisons de ce mouvement sont bien connues : qualité de vie, coût de l’immobilier, déploiement de la fibre optique et volonté de vivre de manière authentique. En fait c’est le dessin nouveau de nos territoires ruraux qui peut contribuer à améliorer ou renforcer les services à commencer par les offres de soin. Enfin la création officielle du parc national joue en faveur d’une attractivité du territoire qui concerne tous les publics y compris les médecins.
Invités :
Dr Solène Fournet, médecin généraliste engagée dans le projet de maison de santé à Châtillon-sur-Seine.
Coralie Duré, coordinatrice de la maison de santé Pluridisciplinaire du montbardois
Dr. Francis Grosjean, médecin généraliste retraité et Vice-président du PETR (Pôle d’équilibre territorial et rural) du Pays de Langres en charge de la santé.
