À voir, à lire, à écouter : le système carcéral

Chaque mois, Impact(s) vous propose de (re)découvrir des produits culturels en lien avec sa thématique mensuelle. Livres, films, podcast : différents supports, différents publics.

À voir

  • Tais-toi! – Francis Veber (2003)

Quentin de Montargis (Gérard Depardieu) est un homme dont le profil n’a rien de commun à ses camarades de cellule. Il est gentil, serviable et un tantinet simplet. Le jour où il fait la connaissance de son nouveau co-détenu, Ruby (Jean Reno), rien ne les destine à se lier d’amitié. Son camarade de cellule est une homme violent animé par la vengeance, après que son patron Vogel a assassiné son épouse, la femme qu’il aimait. Après une tentative de suicide qui fait partie d’un plan d’évasion, Ruby se retrouve à l’hôpital, puis à l’asile. Quentin, pensant naïvement aider celui qui considère comme un nouvel ami, en fait de même. Une chose en entrainant une autre, les deux comparses finissent miraculeusement par s’évader ensemble. En cavale, les deux hommes sont pris en chasse par les hommes de Vogel. Quentin est dévoué corps et âme à Ruby qui finit même par douter de sa sincérité, tant ce comportement lui est inhabituel ; il finit par comprendre que malgré sa bêtise, Quentin est quelqu’un de foncièrement bon et doté de réelles qualités humaines.   

  • La ligne verte – Frank Darabond (1996)

Paul Edgecomb (Tom Hanks), pensionnaire d’une maison de retraite, se replonge dans ses souvenirs. En 1935, alors qu’il exerce la profession de gardien-chef du pénitencier de Cold Mountain en Louisiane, il est chargé de veiller au bon déroulement des exécutions capitales tout en s’efforçant d’adoucir les derniers instants des condamnés. Parmi eux se trouve un colosse répondant au nom de John Coffey (Michael Clarke Duncan). Il est accusé d’avoir violé et tué deux fillettes. Captivé par cet homme duquel émane une certaine magie, Edgecomb a du mal à comprendre comment un homme si doux a pu commettre de telles atrocités. Il va tisser avec lui des liens très forts. Adapté des romans éponymes de Stephen King, La Ligne Verte plonge ses spectateurs dans les profondeurs sombres d’un univers carcéral parfois violent, avec en fond une pointe d’onirisme.

  • La liberté – Guillaume Massart  (2018)

Une prison sans barreaux. Ce qui semble impossible à imaginer est pourtant une exception française. En Corse, la prison de Casabianda accueille 130 hommes qui sont à 80% condamnés pour des crimes incestueux. Longtemps décriée par la liberté qu’elle offre à ses détenus, cette prison apparaît sous l’oeil d’une caméra qui dépeint une réalité toute autre. Les détenus en repentir n’ont de cesse de rejeter les paysages paradisiaques qui s’offrent à leurs yeux. Ils rejettent cette dolce vita en faisant le choix de ne jamais trop s’éloigner de la prison même s’ils peuvent se balader à leur guise. La liberté qui leur est accordée les effraie. Ces hommes, à quelques exceptions près, sont brisés et honteux. La plupart d’entre eux n’ont d’ailleurs pas souhaité témoigner à visage découvert. Pour réaliser ce documentaire, le journaliste s’est rendu à Casabianda à quatre reprises, aux quatre saisons. 

À lire

  • Scènes de la vie carcérale – Aïssa Lacheb (2013)

En 1990, Aïssa Lacheb est condamné à dix ans de réclusion criminelle pour vol avec port d’arme. Quand il sort de prison, repenti de ses actes, il obtient un diplôme d’infirmier et se met à écrire. Dans ce sixième ouvrage, il revient sur son expérience en détention. À travers des anecdotes sur ses « frères de cellule », il se remémore, les peines, les joies, les cris, les rires, les larmes… Il se rappelle tous ces moments de vie qui forment le quotidien des personnes privées de liberté. Il se souvient que si chaque expérience est singulière, la prison, elle, reste toujours la même. Cet endroit froid cerné de quatre murs et de portes. Cet endroit où la plupart ont perdu tout espoir. 

  • Le comte de Monte-Cristo – Alexandre Dumas – (1844-1846)

Cet ouvrage d’Alexandre Dumas co-écrit avec Auguste Maquet est un roman-feuilleton publié dans le Journal des débats entre 1844 et 1846. L’histoire se déroule au début du règne de Louis XVIII, en 1815. Ce jour-là, Napoléon quitte l’île d’Elbe signant la fin de son exil. Edmond Dantès, dont le personnage s’inspire de la vie de Pierre Picaud, un jeune marin prometteur, débarque à Marseille. Il doit s’y fiancer le lendemain à  Catalane Mercédès. Ses amis, jaloux de ses succès amoureux et professionnels, le conspuent et font d’Edmond un conspirateur bonapartiste. Immédiatement enfermé dans une geôle du château d’If, en Méditerranée, il se retrouve dans un premier temps esseulé par l’impuissance et l’injustice. Il finit par rencontrer l’abbé Faria, un homme instruit qui lui enseigne tout son savoir. Avant de mourir ce dernier lui indique l’emplacement d’un trésor situé sur l’île de Montecristo. Après 14 ans de détention, Edmond parvient à s’évader. Il s’empare du trésor et prépare sa vengeance.

  • La réinsertion sociale des détenus – Paul Mbanzoulou  – 2000

Un détenu porte-t-il toujours les stigmates de son passage en prison ? La question est aussi complexe que ses éventuelles réponses. Dans cet ouvrage très dense, le docteur en droit Paul Mbanzoulou rappelle la mission première de la prison, celle de rééduquer dès l’enfermement pour offrir des perspectives d’avenir et de présent à chaque détenu. Ce cheminement doit s’effectuer en binôme, en repensant la relation qui lie le détenu au surveillant pénitentiaire. Bien plus qu’un « gardien » de prison, ce surveillant pénitentiaire a pour mission première de veiller au bon déroulement de la détention à caractère individuel ; et ce dans toutes les acceptions sociales, humaines et professionnelles qu’elle comprend. Mais ce surveillant pénitentiaire doit être épaulé d’un large panel de professionnels (psychiatres, criminologues, infirmiers…) pour parvenir à ce lourd tribut. 

À écouter

  • Européennes : des détenus votent en prison en France pour la première fois (Cliquez ici)

C’est une première. Jusqu’à présent, les détenus français pouvaient voter par procuration ou en obtenant une permission de sortie exceptionnelle le jour du scrutin. Avec un décret qui fait suite à une promesse de l’actuelle garde des Sceaux Nicole Belloubet, ce sont près de 5 000 détenus français répartis inscrits sur les listes électorales qui se sont rendus aux urnes. Ce droit citoyen a reçu une opinion plutôt favorable de la part des bénéficiaires répartis dans 165 des 188 établissements pénitenciers de l’hexagone et des outre-mer. Ils estiment que leur enfermement ne les prive pas pour autant de leurs droits civiques. Le vote a d’ailleurs été plébiscitée par près de 85% des inscrits.    

  • Prison : Privation de libertés, privation de dignité ? (cliquez ici)

À la suite de la publication d’un rapport intitulé « La nuit dans les lieux de privation de liberté », Adeline Hazan contrôleure générale des lieux de privation de liberté – une autorité administrative indépendante qui se charge de veiller au bon respect de la loi dans les prisons françaises depuis 2007 – prend la parole au micro de France Culture. Aux côtés de l’avocate et présidente de l’OIP, Delphine Boesel, l’échange se construit comme un état des lieux approfondi des conditions de détention déplorables auxquelles font face les détenus face aux pouvoirs publics qui manquent de moyens et de solutions. Et si l’enfermement était la pire des solutions ? Que faire des mineurs et des personnes fragiles ? Que faire des violences qui augmentes au sein des prisons et parfois au sein même des cellules ?