À voir, à lire, à écouter : accès à la culture

Chaque mois, Impact(s) vous propose de (re)découvrir des produits culturels en lien avec sa thématique mensuelle. Livres, films, podcast : différents supports, différents publics.

À voir

  • Le tableau – Jean-François Laguionie (2011)

Et si vous pénétriez l’envers des peintures ? C’est en tout cas l’expérience proposée dans ce film d’animation de Jean-François Laguionie. Dans cette toile, vivent séparément trois groupes d’êtres peints qui prennent vie, les Toupins (touts-peints), les Pafinis (pas-finis) et les Reufs (croquis). Les Toupins rejettent les deux autres groupes sous prétexte d’une supériorité qu’ils auraient acquise grâce au coup de pinceau final de leur créateur. Ramo, un Toupin épris d’une Pafini s’extrait de la mouvance principale pour venir en aide à ces opprimés de l’art. Débute alors une épopée artistique qui fera voyager petits et grands au travers des tableaux peints par les noms les plus illustres tels que Bonnard, Cézanne ou Picasso.

  • Sur le chemin de l’école – Pascal Plisson – (2013)

Ils s’appellent Jackson, Samuel, Zahira ou Carlos. Ils habitent au Kenya, en Inde, au Maroc et en Argentine. Chaque jour, ils font plusieurs heures de route à pied, à cheval ou en chaise roulante pour se rendre à l’école. Guidés par un même rêve, celui de la réussite par l’apprentissage, ces jeunes anonymes que le documentariste Pascal Plisson réunit sous l’oeil de sa caméra racontent les difficultés d’accès à la culture et à l’éducation. Au lieu de tomber dans le misérabilisme, ce documentaire retranscrit la force de caractère de ces jeunes portés par leur fort désir d’émancipation sociale.

  • The Square – Ruben Östlund (2017)

Christian doit conjuguer entre sa vie de famille tumultueuse et son travail de conservateur dans un musée d’art contemporain situé dans le palais royal de Stockolm. Alors qu’il prépare une exposition intitulée « The Square », ode à la confiance et à la bienveillance, il se fait voler son téléphone. Cet élément perturbateur déclenche chez lui un désir de vengeance mais il doit conjuguer cette rage avec l’approche du vernissage. Durant la soirée, qui réunit le gratin philanthrope, les convives seront bousculés par la performance artistique d’un homme-singe. Gêné de se confronter visuellement aux comportements les plus grégaires de cette performance artistique, chacun s’immobilise afin de ne pas être pris pour cible par cet agitateur public. Une vision grinçante de l’embourgeoisement d’une société sclérosée par des mondanités qui dévorent l’art.

À lire

  • Le rouge et le noir – Stendhal – (1830)

Inspiré d’un fait divers datant de 1827, ce roman de Stendhal raconte l’histoire de Julien Sorel. Ce jeune franc-comtois, fils de charpentier dont l’ambition n’a d’égale que celle de Napoléon Bonaparte – qu’il admire – se prépare à une ascension sociale guidée par sa sensibilité et son esprit brillant. Il n’hésite pas à user de ses charmes pour parvenir à ses fins. C’est d’ailleurs, dans cette période historique de la Restauration, un moyen commun et unique d’accéder aux plus hautes strates de la société. Après avoir conquis le coeur de deux femmes qui l’aideront à gravir les échelons sociaux, Julien se retrouve acculé par le poids de son ambition. Peut-être trop pressé par cette volonté dévorante de réussite, il rencontrera plusieurs obstacles sur le chemin qu’il s’était pourtant tracé.

  • Martin Eden – Jack London – (1909)

Martin Eden, la vingtaine à peine, semble promis à un destin dont la fatalité aurait pu en faire un personnage des Rougon-Macquart. Issu des quartiers pauvres d’Oakland, ce marin aux épaules larges ne perd jamais une occasion d’utiliser ses poings pour régler des conflits. C’est d’ailleurs grâce à ce tempérament qu’il est invité à dîner chez de riches bourgeois, après qu’il a sauvé le fils de cette famille. Estomaqué par ce choc des cultures, Martin n’est pas au bout de ses peines. Quand Ruth, la soeur du jeune homme qu’il a secouru fait son apparition, il s’en éprend immédiatement. Pour elle, qui est tout ce qu’il n’est pas – cultivée, raffinée – il se résigne à étudier pour devenir son égal. Rapidement, il se découvre une passion pour les sciences, la politique et surtout la littérature. À travers une analyse brillante de la société états-unienne de l’époque, il finit par établir des parallèles corrosifs entre ces deux mondes qu’il côtoie, mais qui sont a priori radicalement opposés.

  • Les cultures juvéniles de l’ère médiatique à l’ère numérique – Sylvie Octobre – 2014

Le virage numérique entamé dans les années 80 et consommé à l’aune du XXIème siècle a amené une recomposition des univers culturels juvéniles. Si certaines caractéristiques de ces jeunes générations perdure, bien des choses ont changé. La culture en est la première victime. Sa consommation, surtout. Aussi, comment la transmettre dès lors que ses codes d’intégration ont acquis une certaine porosité ? Qu’est-ce que la culture aujourd’hui ? Si le socle classique des produits culturels reste ancré, d’autres font leur apparition et permettent aux univers culturels juvéniles de s’élargir à de plus grands spectres. La jeunesse connectée favorise désormais l’expressivité, l’expérimentation de son autonomie afin de construire son identité propre.

À écouter

  • L’opéra, une question de codes – Guillermo Guiz (cliquez ici)

Avec humour, Guillermo Guiz évoque – au cours d’un billet d’humeur – les difficultés que rencontrent les néophytes lorsqu’ils se rendent à l’opéra. Cet art jugé austère a de quoi effrayer. Dans une grande salle silencieuse, l’artiste qui occupe la scène a tous les droits. Enfin, c’est surtout l’art déployé qui l’exerce. Codifié, cet univers exclut certaines classes sociales. Pourrait-il s’étendre à tout le monde ?

  • Le journal de la culture – Qu’en est-il de l’égalité face aux pratiques culturelles ?  – France Culture (Cliquez ici)

Les experts de la culture des années 1960 se seraient-ils trompés ? Malgré les efforts établis pour permettre un égal accès à la culture, rien n’a changé. On pensait que cette inégalité s’expliquait par la distance géographique, on avait oublié la sociologie. De plus, la démocratisation du numérique a mis un frein supplémentaire à l’accès à la culture. En cinq minutes, ce podcast revient synthétiquement sur les études menées concernant les pratiques culturelles des Français.

  • À qui profite la culture ? – France Culture (Cliquez ici)

À l’occasion de la remise du rapport événement de l’historienne d’art Bénédicte Savoy et de l’économiste sénégalais Felwine Sarr sur « la restitution temporaire ou définitive aux pays d’origine des œuvres d’art africain conservées dans les musées français », France Culture se demande à qui profite la culture. L’émission revient sur les débats concernant la nécessité de faire l’inventaire de la décolonisation des musées. Si la culture devait rendre disponible pour tout le monde sous forme d’égalité naturelle un accès aux arts (majeurs et mineurs), dans les faits, cet objectif est loin d’être atteint. Alors comment la rendre équitablement accessible dès lors que l’augmentation de l’offre culturelle ne permet pas à tout un chacun d’y accéder ? Olivier Donnat, chargé d’enquêter sur les pratiques culturelles des Français, et Sebastien Hervieu, journaliste chez Courrier International, tentent de trouver des réponses à ces problèmes caractéristiques de la France.