Ce mois-ci, nous vous avons invités à deux événements qui ont célébré deux figures peu représentées dans l’espace public ou médiatique ; les femmes artistes et les sportives.
C’est à l’EP7, l’accueillante « guinguette numérique » en face de la Bibliothèque nationale de France, que la soirée « Sortir les Femmes de l’Ombre » s’est déroulée. Elle a permis, comme son nom l’indique, de discuter de la place des femmes dans la création et a offert à des artistes professionnelles un terrain d’expression.

Lily Luciole (à gauche sur la photo), artiste colleuse, également organisatrice de l’événement, accueille les spectatrices et quelques spectateurs qui s’installent sur des tabourets en bois – si l’événement est ouvert à un public mixte, une majorité de femmes ont fait le déplacement pour assister au débat inaugurateur de la soirée. C’est la deuxième édition de « Sortir les Femmes de l’Ombre » qui se compose, chaque année, de deux dates.
À l’origine, Lily Luciole fonde l’événement face au manque de représentation des femmes – particulièrement des femmes non blanches – dans l’art. L’idée ? Leur donner la parole et mettre en valeur leurs œuvres.
L’animatrice de la soirée, Nathalie Guichard (à droite sur la photo), reprend la parole pour présenter les intervenantes venues discuter de leurs parcours ainsi que des différentes problématiques que peuvent rencontrer les femmes dans la création.

Les invitées ? La colleuse Zelda, la graphiste et illustratrice Léa Castor, qui travaille actuellement sur un projet de bande dessinée autour des complexes, Julie Marangé, la co-fondatrice de Feminist of Paris qui organise des visite de la capitale « sous le prisme du féminisme », et, enfin, la réalisatrice, auteure et productrice, Camille Ghanassia.
Toutes les quatre ont partagé leurs expériences et elles ont abordé, face au public attentif, des sujets divers : leur rapport au corps, leur définition du féminisme, les difficultés qu’elles ont rencontrées, les femmes – artistes ou non – qu’elles admirent, ou encore leurs projets futurs.
Une heure et demie après – le temps de manger -, les performances peuvent commencer. La première impressionne : Tita Nzebi chante a cappella en langue nzebi (principalement parlée au Gabon) non sans avoir traduit auparavant la chanson : un conte.

Le chœur dynamique aux vêtements colorés, Chromatix, enchaîne avec le répertoire du compositeur et musicien britannique Karl Jenkins, très vite rejoint par Lily, pour la lecture d’un texte poétique.

Anne-Solène Taillardat slame sur le mot « ombre » et régale le public de poétiques jeux sur les mots.

La chorégraphe Jihenne et son groupe de danseuses sont l’un des points d’orgue de la soirée. Acclamées par le public, celles-ci ne se connaissaient pourtant pas il y a un mois et demie de cela. Comme nous l’indique Lily Luciole, Jihenne s’est complètement approprié la démarche de « Sortir les Femmes de l’Ombre » en recherchant, sur les réseaux sociaux, à réunir des danseuses qui n’en étaient qu’à leur débuts, afin de pouvoir créer ensemble une toute nouvelle performance. Ensemble et le temps d’une soirée, Diana Depaoli, Keiko Mai, Chiara et Ono Bachan ont formé la troupe « Smooth Opératoire ».

Toujours de la danse, mais cette fois-ci un mélange de danse traditionnelle indienne et de hip hop incarnée par Mélodie Toussaint. Un plaisir pour les yeux, mais aussi pour les sens ; la danseuse et chorégraphe accompagne sa performance d’encens.

Le clou du spectacle : la performance conjointe de la danseuse Aurore et de Lily Luciole. Les gestes de la première sont à la fois saisissants, inquiétants et déchirants. Elle va jusqu’à s’érafler le menton, en pleine chorégraphie.
Lily Luciole commence, elle, une performance autour d’une affiche représentant des femme voilées – ce qui n’est pas très éloigné de son travail habituel puisque celle-ci placarde dans la rue des portraits de femme auxquelles elle ajoute de la laine. En fond sonore, un poème racontant son histoire et celle de son amie, Aminata, une femme voilée habitant au Canada. L’objectif ? Raconter les souffrances de cette dernière, être « l’intermédiaire de son histoire », la rendre visible.

Les deux artistes finissent par se lier avec un fil de laine à certaines personnes du public qui finissent par s’enlacer, devenus spectateurs-participants. C’est ainsi et avec beaucoup d’émotions que Lily Luciole et Aurore clôturent la soirée.

L’organisatrice de l’événement a pour objectif de se constituer en association afin de continuer à travailler à la visibilité des femmes artistes ainsi qu’à leur professionnalisation.
Quelques jours plus tôt, c’est au Carreau du temple que nous nous sommes retrouvés, afin de partager avec vous l’inauguration de Foot d’Elles, un festival de films et de rencontres autour des femmes et du sport pour promouvoir l’égalité femmes-hommes et la mixité.

L’occasion d’échanger et de découvrir en avant première le documentaire Little Miss Soccer, voyage à la rencontre de toutes les footballeuses, gamines, ados, adultes ou âgées, japonaises, américaines, sud-africaines, mexicaines, péruviennes, ou indiennes, qui ont décidé de faire du rectangle vert (ou marron, ou gris…) un lieu d’émancipation et de liberté.
Une soirée riche en émotion, pleine de résonances avec notre sujet du mois, que ce moment inspirant a parfaitement clôturé.