Proposer une plateforme entièrement dédiée à la pratique des sportives « en espérant devenir la référence en la matière », c’est l’intention de Rita Béral, fondatrice du média en ligne Madam Sport, né il y a trois ans. Et il y a de quoi. Les sportives occupent très peu, en général, les colonnes dédiées à leurs activités. Toujours est-il que quelques médias s’attaquent au problème : Les Sportives Magazine, Femmes de Sport… Initiatives qui réjouissent Rita Béral : « Plus on est de média à mettre en lumière le sport féminin, mieux le sport féminin s’en portera. » La particularité de Madam Sport, cependant ? S’épauler du monde amateur.
À quel problème s’attaque Madam Sport ?
Madam Sport est né du constat que le sport féminin manquait de représentativité dans le paysage médiatique français. À partir de là, on s’est dit qu’on allait fonder un média qui traiterait exclusivement de l’actualité sportive féminine. On s’est rendu compte que les sportives, très souvent, même dans les compétitions internationales, ramenaient autant de médailles que les hommes, parfois plus, et qu’il était « injuste » qu’elles ne soient pas plus visibles dans les médias, notamment dans leur quotidien sportif national de référence (L’Équipe, ndlr).
Quelle solution proposez-vous ?
À travers Madam Sport, on veut donner un écho au sport féminin, faire en sorte que les sportives puissent avoir un média qui leur parle, fait pour elles également, mais pas spécialement que pour les sportives. Selon le dernier sondage Odoxa qui est sortit en février 2019 pour RTL et Groupama, 78% des Français demandent plus de sport féminin dans les médias, donc on sait que la demande est là. Le monde amateur, également, en a besoin puisque la plupart des sportives n’ont pas le statut professionnel.
Et puis, à travers Madam Sport, il s’agit de susciter de l’intérêt pour les jeunes filles. Qu’elles se disent : « j’ai envie de faire du rugby », « j’ai envie de faire du karaté », « j’ai envie de faire de la boxe », « ce n’est pas un sport d’homme », « j’ai envie de le faire parce que j’ai vu qu’il y avait une sportive qui l’avait fait, elle a rapporté des médailles, elle est performante », etc. Que l’’on puisse faire tomber les barrières, tout simplement.
Comment fonctionne Madam Sport ?
C’est un service de presse en ligne. Le format est essentiellement écrit. On a développé depuis le mois dernier le format vidéo. On va à la rencontre des association sportives qui ont une section féminine, parce qu’on est persuadé que le succès de Madam Sport passera par le monde amateur. On est convaincu qu’il faut partir de ce dernier pour pouvoir grimper les échelons puisque la plupart des sportives, comme je le disais avant, n’ont pas le statut professionnel. Elles sont amatrices en général. Très souvent, elles cumulent un emploi à côté.
Notre idée c’est vraiment de fédérer le monde sportif amateur autour de Madam Sport pour pouvoir après grimper les échelons, nous développer, et puis accueillir de plus en plus de monde sur le site. C’est pour ça qu’on a développé les formats vidéo, pour ne pas faire que de l’écrit. Là, nous sommes en train de voir pour développer un podcast et des webséries.
Comment mesurez-vous l’impact de votre initiative et qu’avez-vous observé ?
Depuis qu’on a mis en place les vidéos, on a beaucoup plus de trafic sur le site de Madam Sport et toutes les fois où on a l’occasion de pitcher, ou de parler du projet à des interlocuteurs, ou même quand on contacte les associations sportives, on sent un réel engouement et un intérêt pour ce projet-là. On est poussés, d’ailleurs, dans ce sens-là puisqu’eux-mêmes ont aussi besoin de visibilité.
Quelles difficultés rencontrez-vous aujourd’hui ?
Les principales difficultés sont financières. Il nous faudrait pouvoir lever des fonds dans un avenir proche pour pouvoir développer Madam Sport, qu’on puisse se structurer, puisqu’aujourd’hui, je me suis entourée de trois stagiaires, qui m’aident dans l’élaboration de nouveaux contenus. Ce qu’on souhaiterait, c’est pouvoir, d’ici la fin de l’année 2019, début 2020, lever des fonds pour construire une vraie équipe autour du projet avec des journalistes, d’un rédacteur en chef, d’un Community management, etc.
Quelles limites avez-vous pu observer à votre solution ?
Je pense que la limite, c’est vraiment de se faire connaître et accepter dans le monde médiatique. Souvent, dans les mœurs, dans les mentalités, dans la tête, quand on a une information à faire passer, L’Équipe est le premier média auquel on pense, ce qui est normal puisqu’il est le média référent en la matière, mais je dirai que oui, c’est cette limite-là, pousser beaucoup plus de portes et pouvoir développer Madam Sport, se faire connaître.