L’école française est la plus inégalitaire de l’OCDE. Face à cet échec, de nombreuses voix appellent à la suppression de l’instruction obligatoire. D’autres s’activent pour réinventer l’éducation. Au-delà des discours politiques de façade et des alternatives privées, comment peut-on réinventer l’école publique ?
L’école est inégalitaire. On le sait depuis longtemps. A minima depuis les premiers travaux de Pierre Bourdieu dans les années 60, mais en réalité on trouve des traces de ce constat bien avant. Les données statistiques et sociologiques ne manquent pas pour abonder dans le sens de ce qui n’est ni une dénonciation ni une position politique, mais un simple fait. Selon la dernière étude Pisa, l’une des références en la matière, la France est même le pays de l’OCDE le plus inégalitaire en matière d’éducation. Les résultats de cette enquête triennale révèlent en effet que le pays bat des records d’injustice. Que son école, prétendument pour tous, est d’abord faite pour une élite et se révèle incapable de faire réussir les enfants les moins privilégiés.
Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’Éducation nationale au moment de la sortie de cette étude, parlait de « grand écart » du système scolaire. « La France est le pays de la reproduction sociale, déplorait-elle. Plus on vient d’un milieu social défavorisé et moins on a de chances de réussir à l’école. Ces résultats doivent être accueillis avec gravité. Ce déterminisme social est inacceptable. » Le discours est politicien mais n’enlève rien au constat. Et puisque les chiffres abondent, regardons-en quelques-uns.
Selon l’INSEE, 84% des enfants de cadres obtiennent leur baccalauréat, contre 55% des enfants d’employés ou ouvriers. Parmi les bacheliers enfants de cadres, 76% obtiennent un bac général, contre seulement 32,7% des bacheliers enfants d’ouvriers. Ces chiffres sont déjà extrêmement parlants puisque le baccalauréat général est un sésame indispensable pour accéder à l’enseignement supérieur. Par la suite, 61% des enfants de cadres et professions intermédiaires obtiennent un diplôme du supérieur contre seulement 31% des enfants d’ouvriers et d’employés. Résultat : on trouve dans les grandes écoles 3% de filles et fils d’ouvriers, alors qu’ils représentent 30% de la population.

En France, 22,5 % des résultats scolaires en mathématiques (l’une des métriques phares des études) sont directement imputables aux origines socio-économiques de l’élève, contre 15 % en moyenne dans l’OCDE. Le système français est encore plus discriminant pour les enfants issus de l’immigration, « au moins deux fois plus susceptibles de compter parmi les élèves en difficulté », explique la dernière étude Pisa. 40 % des élèves issus d’un milieu défavorisé sont en difficulté, contre seulement 5% de ceux issus de familles aisées.
Les quartiers périurbains défavorisés ne sont pas les seuls laissés-pour-compte, puisque les résultats dans les milieux ruraux ou les territoires d’Outre-mer sont également criants, comme le souligne Maurice Antiste, sénateur de la Martinique, qui explique que « les chiffres d’Outre-mer ne sont pas intégrés dans les chiffres nationaux pour ne pas faire baisser la moyenne ». Aux Antilles, 27 % des élèves ont un parent au chômage (9 % en métropole), et 40 % d’entre eux vivent dans un foyer monoparental (18 % en métropole). Ces fragilités sociales expliquent en partie les inégalités scolaires dont souffrent ces territoires, « où le taux d’illettrisme est deux fois supérieur à la moyenne nationale ».
Le Conseil national d’évaluation du système scolaire (Cnesco) va dans le même sens, concluant, au terme d’une étude inédite qui a duré deux ans et a impliqué le travail de 22 équipes de chercheurs français et étrangers, sociologues, économistes et psychologues, que l’école française « continue de fabriquer de l’injustice scolaire et d’aggraver les inégalités sociales ».
Où est passée l’égalité des chances ?
Plus qu’ailleurs et plus que par le passé, l’enseignement scolaire français ne suffit pas à réduire les inégalités creusées par le déterminisme social. L’égalité des chances serait-elle une utopie ? Plutôt un « oxymore », selon Franck Lepage, qui explique dans une conférence, à travers son propre parcours et ce qu’il appelle « son échec d’ascension sociale », comment le système éducatif français actuel favorise la reproduction des inégalités de classe.
Il est rejoint sur ce point par le philosophe Bruno Mattel, qui en 2006 avait déjà écrit à ce sujet. « On devrait dire que l’égalité des chances est d’abord un non-sens ou, si l’on préfère, un lapsus de la raison qui dit peut-être trop bien ce qu’il ne veut pas dire : qu’on ne fera jamais l’égalité à partir des chances, pas plus qu’on ne fera un rond avec un carré. Le concept d’égalité renvoie à l’effectivité des droits, les mêmes pour tous, tandis que celui de chance se meut dans une logique contraire de l’aléatoire et des probabilités. Convenons que chance ne fait pas égalité. Et rangeons cette égalité-là au rayon des oxymores. Ladite égalité des chances n’est en réalité qu’un pseudo-concept, véritable obstacle épistémologique et politique à tout ce qui s’avance comme réformes, voire refondation du système scolaire et sociétal. »
Héritage culturel et fonction de l’école
Le constat est implacable. Reste à comprendre. Si l’école a réellement pour vocation de réduire la fracture sociale, comment est-elle devenue une structure qui provoque l’exact contraire ?
En son temps, Pierre Bourdieu expliquait que l’on n’était pas égaux devant l’école, et évoquait trois influences majeures de l’héritage familial sur la réussite scolaire. D’abord le capital culturel hérité : le niveau d’étude des parents, les lieux de vacances, le type de consommations culturelles, le nombre de livres à la maison… Ensuite l’habitus corporel : la manière d’être, de parler, d’écrire. Enfin, le rapport à l’école, forcément différent selon l’expérience même des parents avec l’institution.

Au-delà de l’héritage culturel, cause principale et globalement admise des inégalités face à l’école, d’autres évoquent le décalage entre la fonction de l’école et les attentes que l’on place en elle. « L’école devrait être un lieu d’esprit critique mais, au lieu de ça, fait perdurer le mensonge que lorsque l’on veut, on peut, et il appartient à chacun de se bouger pour y arriver, explique Franck Lepage. Si seulement 3% des élèves des quartiers populaires arrivent à sortir des grandes écoles, alors qu’ils sont 30% dans la population, il y a certainement un autre problème. L’école est dans une situation terrible car paradoxale. Tout le monde attend, notamment les parents, qu’elle permette à leurs enfants d’accéder à une situation sociale satisfaisante, alors qu’elle ne devrait pas être là pour ça, mais pour donner les moyens de comprendre le monde. Il y a cette espèce de porte-à-faux de l’école dont on attend que »si je travaille bien, j’y arriverais », alors que c’est totalement idiot. C’est vrai pour un petit nombre de personnes, mais ce ne sera pas forcément lié à l’école. Si vous êtes issu d’une famille de cadres supérieurs, quel que soit votre niveau scolaire, votre situation sera satisfaisante, grâce au réseau de votre famille, aux codes sociaux, à votre langage. »
Une structure inégalitaire ?
Mais ce sont là des causes exogènes, alors que d’autres voient dans l’école une structure inégalitaire en soi. Dans les années 70 déjà, Ivan Illich proposait dans Une société sans école une réflexion radicale sur l’échec de l’enseignement à l’école. « Ni dans le Nord, ni dans le Sud, les écoles n’assurent l’égalité, écrivait-il alors. Au contraire, leur existence suffit à décourager les pauvres, à les rendre incapables de prendre en main leur propre éducation. Dans le monde entier, l’école nuit à l’éducation parce qu’on la considère comme seule capable de s’en charger. »
Dans sa virulence et dans sa description de l’échec, ce livre nous renvoie au Surveiller et punir que Michel Foucault publiera quelques années plus tard. Le constat est le même : la prison, comme l’école, aggrave ce qu’elle était censée améliorer. Et avec une redoutable efficacité, ces deux institutions réussissent à persuader leurs victimes qu’elles ont mérité leur destin – on vous a donné votre chance, vous ne l’avez pas saisie.
Enfin, dans les deux cas, la thèse proposée par les auteurs est que cet échec n’en est pas véritablement un.
Légitimer les inégalités
Sous la IIIe République, la gauche était méfiante envers l’école. Elle craignait que cette institution ne fabrique des traîtres à leur classe. Qu’elle transforme les enfants de syndicalistes rouges en syndicalistes jaunes. Personne n’est dupe de la culture réelle de l’école : une culture élitiste, dont le but est de trier. Ce qui fait naître une énergie réformiste qui s’étend sur plusieurs dizaines d’années, avec un mot d’ordre : changer l’école. « Les années 1970 sont d’une extrême effervescence en termes de réflexion pédagogique, se souvient Franck Lepage. C’est l’époque des écoles parallèles et tout le monde se met à faire de la pédagogie à la Freinet. Mais tout ce courant novateur se referme dans les années 1980, avec l’apparition du chômage. L’école change brutalement de cap pour devenir le lieu d’un fantasme des pouvoirs publics et des parents, selon lequel c’est à l’école de donner un emploi. En quelques années, toutes les expériences pédagogiques disparaissent et on rentre à nouveau dans un schéma de l’école orientée vers les résultats et les diplômes – donc une école extrêmement sélective. Évidemment, cela n’a pas marché et a laissé quantité de gens des classes populaires sur le carreau. »

Désormais, non seulement l’école est inégalitaire, mais elle ne permet même plus à ceux qui y réussissent de trouver un travail. Les professeurs sont pointés du doigt, l’institution attaquée de toute part, et l’énergie réformiste se transforme en énergie défensive : il faut sauver l’école. Un tournant qui a fait oublier la remise en question de l’institution. « Vouloir ainsi sauver l’école n’a fait qu’accentuer l’idée qu’elle était bonne dans son principe, estime l‘écrivain François Bégaudeau, qui a passé dix ans à enseigner dans l’Éducation nationale. Chacun pense que »l’école républicaine » a historiquement vocation à rectifier les inégalités. Il est donc très majoritairement admis que l’école républicaine est une formidable invention, mais que ses principes ont été dévoyés. Il y a un consensus absolu, en France, sur ces deux points. De droite à gauche, de Marine à Jean-Luc. Citez-moi un intellectuel ou une figure politique française qui ne fasse pas l’éloge de l’école républicaine, qui n’appelle pas à sa refondation, etc. »
Supprimer l’école obligatoire ?
Or, pour l’écrivain comme pour Illich et bien d’autres, les causes de l’incapacité de l’école à réduire les inégalités ne sont pas exogènes mais structurelles. « L’école n’a pas échoué à résoudre les inégalités, elle a parfaitement réussi sa mission de les relégitimer. L’école n’est pas discriminante par erreur mais par essence – et la suppression des notes n’y changera rien. L’école n’a pas vocation à sauver les pauvres, mais à les neutraliser et à les convaincre qu’ils méritent de l’être. Le point est ici et nulle part ailleurs. C’est quoi être un prolo à l’école ? C’est, dans 99% des cas, l’assurance que ça se terminera sur une voie de garage ou dans une filière disqualifiée. C’est, jour après jour, heure après heure, le constat de sa propre indigence, émaillée d’humiliations régulières. C’est beaucoup d’ennui. C’est, en résumé, un jeu pénible qui se termine mal. »
Qu’elle ait échoué à les corriger ou qu’elle était pensée pour dans ce sens, toujours est-il que l’école aggrave les inégalités. Il s’agit désormais de passer du constat à l’action. De proposer des solutions, des alternatives. Que feriez-vous si vous étiez ministre de l’Éducation nationale ? À cette question, François Bégaudeau répond sans détours. « L’école est chaque année plus inégalitaire. Or, chose stupéfiante, personne ne remet en cause l’existence même de la machine. La radicalité de ma conclusion n’est qu’un ajustement à la radicalité du constat : puisque l’école fabrique structurellement des inégalités, il faut supprimer la structure. Mon idée est de retirer une grosse épine qui accable les pauvres, ennuie les enfants, déprime les profs, aiguise le ressentiment de part et d’autre, n’apprend rien, désapprend à apprendre, fabrique des esprits normés… »

La fin de l’école ? Si l’humanité a longtemps vécu sans, l’idée paraît pourtant contre-intuitive aujourd’hui. « Un maintien du système en place jusqu’à huit ou dix ans me semble un bon compromis, tempère François Bégaudeau. Ça tombe bien, en général jusqu’à cet âge les enfants sont plutôt contents d’y aller. C’est après, et notamment au collège, que l’école devient un poids quotidien dont 95% des enfants se débarrasseraient si ça leur était permis. »
L’ancien professeur imagine aussi l’école comme un service public non-obligatoire, à l’image de notre système de santé. « Mes textes sur le sujet tachent de revenir à la racine des choses : apprendre, éduquer, qu’est-ce que ça veut dire au juste ? Avec Rancière et quelques autres libertaires tordus, je crois qu’on apprend seul, et que c’est mieux ainsi. Ce qui m’entraîne à remettre en cause l’idée, encore plus consensuellement admise, qu’il faille éduquer. C’est la notion même d’éducation qui me semble suspecte, a fortiori lorsqu’une nation la prend en charge. Voilà bien ce qu’on ne remet jamais en cause : qu’il faille éduquer, et que cette mission doive être politiquement prise en charge. »
Des pistes d’actions
Nathalie Mons, présidente du Conseil national d’évaluation du système scolaire, refuse quant à elle de retirer aux élèves des quartiers défavorisés « le peu qu’ils ont ». Elle y voit une « double peine », et propose d’aller « résolument vers davantage de mixité ». « On sait qu’il y une centaine de collèges ultra-ségrégués où il y a plus de 80% d’élèves de milieux très défavorisés. On pourra mettre tous les enseignants expérimentés que l’on veut, quand vous avez face à vous 90% d’élèves en grande difficulté, vous ne pouvez pas améliorer les apprentissages. On a beaucoup d’exemples, à l’étranger comme en France, de politiques qui fonctionnent et dont on devrait s’inspirer. » Elle appelle également à revoir la formation des enseignants. « On est encore un des pays européens dans lesquels il n’y a pas de formation continue obligatoire des enseignants. Or, la formation des enseignants est très liée à la qualité des apprentissages des élèves. »
Marion Garros, professeur des écoles, abonde. « Nous étudions beaucoup de théorie, enseignée par des personnes qui n’ont pas mis les pieds dans une école depuis x années, alors que le métier d’enseignant a besoin d’une approche concrète. » Elle propose de « mettre le paquet sur un déploiement de stages », mais également de filmer les stagiaires lors de leurs interventions en classe. « On ne se voit jamais enseigner, alors que cela nous apprendrait énormément de choses. » La jeune diplôméeimagine également desstages à l’étranger, « afin d’observer d’autres pratiques et de développer sa maitrise de l’anglais ». Elle pointe par ailleurs du doigt la formation continue, inadaptée aux besoins des professeurs.

Éric Charbonnier, analyste à la Direction de l’Éducation de l’OCDE va dans le même sens, citant parmi les axes d’amélioration possibles la formation des enseignants, l’implication et la coopération des parents et des chefs d’établissement, mais également la revalorisation des filières professionnelles. Il appelle par ailleurs à concentrer les moyens dans les établissements les plus défavorisés et à revoir la politique d’éducation prioritaire, « dont on sait qu’elle n’aboutit pas toujours à donner plus à ceux qui ont moins ».
Quid des pédagogies alternatives, qui après un défrichage dans les années 70 reviennent en force dans toute la France ? « La liberté pédagogique est fondamentale, martèle le sénateur PS Maurice Antiste. Il n’y pas d’école unique, car l’uniformité est hors-sol. » Il est rejoint sur ce point par Jean-Claude Carle, sénateur de la Haute-Savoie (LR). « Si la République est une et indivisible, penser que la pédagogie doive aussi être une et indivisible est une aberration. L’égalité des chances passe par l’inégalité de traitement. »
Sur le terrain, Marion Garros approuve l’idée, mais souligne l’inaction administrative sur ce sujet. « Je vois autour de moi des initiatives inspirantes, mais c’est vrai qu’elles manquent cruellement de soutien et d’accompagnement. L’Éducation nationale n’a pas le temps ni l’argent pour ça. Ou ne veut pas les donner. »
Revoir la structure du système scolaire
Les idées ne manquent donc pas. D’ailleurs, chaque ministre y va de sa réforme, jusqu’à la plus récente, celle de Jean-Michel Blanquer : un projet de loi baptisé « École de la confiance » et voté en février 2019. Mais personne ne repense le système dans sa globalité et c’est bien là que le bât blesse. « Il faut changer complètement l’école et non constamment la rafistoler et la sauver, estime Franck Lepage. Il faudrait affirmer de façon extrêmement claire qu’il n’y a aucun rapport entre l’école et le marché du travail et qu’elle n’a pas à s’occuper de cela ; il faudrait refaire une école qui fabrique des citoyens critiques, et donc politiques. »
Passé par la médiation culturelle avant de créer une coopérative et de se lancer dans l’éducation populaire à travers de nombreuses conférences gesticulées – dont une sur l’éducation – Franck Lepage est encore marqué par son passage à Sciences Po. « J’étais un bon élève dans mon lycée de banlieue, à Bagneux, avec 18 au Bac. En première année à Sciences Po, je me prends une claque monstrueuse. Je me trouve confronté à des systèmes d’évaluation qui portent systématiquement sur des réflexes de classe sociale, de codes que je n’ai pas et que je ne comprends pas. C’est la première fois que je voyais des personnes aisées, qui ont un pouvoir très important. Je me suis dit que je ne ferai jamais partie de leur monde. Il y a 3% des élèves des quartiers populaires qui parviennent à intégrer une grande école, et ce sont des exceptions. Le principe même d’une vraie égalité des chances, ce serait d’empêcher la mise en concurrence des élèves. »

Depuis, il plaide pour la fin du système des notes, « qui reproduit les inégalités sociales ». Il propose également de « supprimer le baccalauréat, afin de permettre à chaque Français d’avoir accès à l’enseignement supérieur de son choix. N’importe quelle personne de n’importe quel âge doit pouvoir accéder à l’université. Une mère de famille qui a élevé cinq gosses, si elle a envie de faire une licence de sociologie ou d’histoire, doit pouvoir le faire ».
S’il parle beaucoup, Franck Lepage est de ceux qui préfèrent pourtant l’action. « Il faut arrêter les soirées-débats qui ne font que donner bonne conscience à ceux qui les organisent. Il ne suffit pas d’être conscientisé. La pensée critique est une condition nécessaire mais non-suffisante du changement. Sinon, tous les professeurs qui liraient Bourdieu, Rancière ou Badiou donneraient leur démission le lendemain, et le problème serait réglé. Pour qu’il y ait changement dans une institution, il faut pouvoir faire de l’expérimentation, dans des conditions protégées. »

Supprimer l’école, la réformer, la refonder complètement… Le débat est sans fin. En attendant qu’il soit définitivement tranché, certains agissent déjà. Des expérimentations, justement, il en existe. Malgré le poids de la structure, malgré l’immobilisme politique, malgré les échecs successifs. Partout en France, des citoyens, des associations, des entrepreneurs ou des élus locaux tentent à leur échelle de réduire ces inégalités. Nous découvrirons certaines de ces initiatives tout au long de ce mois de mars.
Car en attendant que le mastodonte de l’Éducation nationale se transforme, si tant est qu’il se transforme un jour, il faut bien agir. Derrière les chiffres et les statistiques, il y a des millions d’élèves. Les courbes peuvent chuter encore, longtemps, mais si une action, si invisible, si dérisoire soit-elle, offre une chance à un enfant, alors il faut la mener. Et la mettre en lumière. Qu’elle inspire les autres. Un cercle vertueux, peut-être minime, pourrait alors s’enclencher. Offrir une chance à d’autres. Et ainsi de suite.
Sources : Pisa, Cnesco, Fondation pour l’école, INSEE, Ballast, Bondy Blog, Slate.