Accueil des réfugiés : table ronde, théâtre et projets inspirants

Nous vous avons donné rendez-vous au Collège des Bernardins puis à BeeoTop les 19 et 20 février derniers pour 48h dédiées à l’intégration des réfugiés. Au programme : table ronde, théâtre et découverte de projets inspirants. Retour sur ces deux jours.

Comme chaque mois, nous vous avons proposé de se retrouver pour discuter, s’inspirer et passer à l’acte autour de notre thématique mensuelle. Nous nous sommes donc retrouvés pendant deux jours autour de la question de l’intégration des réfugiés.

Le 19 février, vous étiez nombreux à nous retrouver au Collège des Bernardins, pour une première table ronde animée par Alexandre Meyer et consacrée aux demandeurs d’asile du point de vue des acteurs sociaux.

Anne Brémaud, avocate spécialisée en droit des étrangers, explique d’abord que « la frontière entre les différents types de migrations est parfois minime. On peut entrer dans les « cases » du réfugié et du migrant économique à la fois, par exemple. » Elle estime que nous comprenons mal les raisons des migrations vers notre pays, car « nous n’avons pas suffisamment conscience de la valeur de la liberté individuelle », et rappelle, au-delà des risques pris, le sacrifice financier nécessaire pour migrer. « Venir en France depuis le Mali, c’est 7 000€. Venir du sous-continent indien, c’est 20 000€. »

Mélanie Charvy, metteuse en scène qui a travaillé sur la question pour écrire sa pièce Provisoire(s), abonde. « J’étais persuadée que les réfugiés étaient des gens très pauvres. En réalité c’est l’inverse. Ceux qui viennent sont les plus riches de leurs pays. Il faut avoir les moyens de venir. »

Mgr Benoist de Sinety ajoute que « s’ils prennent les risques que l’on connaît pour venir, c’est bien pour avoir une vie meilleure. Cela mérite d’être entendu. Cela nous interroge sur les raisons qui font qu’ils pensent avoir une vie meilleure dans notre pays que dans le leur ». Le vicaire général de Paris, qui est « bousculé par cette réalité au quotidien » appelle à ne pas « se laisser enfermer par nos peurs ou nos idées préconçues. La peur vient aussi de la honte à laquelle les réfugiés nous renvoient Pour lutter contre la peur, il faut en parler, et il faut s’ouvrir. Je sais le courage que cela demande. »

Mélanie Charvy souligne l’importance de l’action politique et de l’information. « Ces questions sont clairement et purement politiques. Décider des critères, c’est politique. Et les informations qu’on nous donnent sont politiques également. Il faut savoir s’informer autrement qu’avec BFM TV. » Mgr Benoist de Sinety invite également les acteurs politiques à agir, quelles que soient leurs positions sur le sujet. « Les gens qui sont là, sont là. On peut espérer qu’ils ne soient plus là demain, mais la moindre des choses, aujourd’hui, c’est de respecter leur dignité. Rien ne justifie le contraire. » Il insiste cependant sur la nécessité de se concentrer sur la politique intérieure. « Généralement, quand on veut aller sur place régler un problème, pour faire tomber un despote par exemple, on génère des catastrophes plus grandes encore. »

Il y a suffisamment à faire ici, comme le rappelle Mélanie Charvy, qui s’inquiète des conditions dans lesquelles travaillent ceux qui accueillent les réfugiés en France. « On laisse les acteurs sociaux démunis, dans l’impossibilité de répondre à la demande. L’accueil des réfugiés m’interpellait et m’indignait en tant que citoyenne. Alors je me suis demandé ce que je pouvais faire de cette indignation en tant qu’artiste. »

© Cie Les Entichés

À cette question, la réponse a été la création d’une pièce, baptisée « Provisoire(s) », et jouée dans la continuité de la table ronde.

Dans cette pièce, Amir et Leïla, deux jeunes marocains, débarquent en France et se retrouvent plongés dans les méandres du système administratif des demandeurs d’asile. Ministère, préfecture, acteurs sociaux, tous tentent de ne pas sombrer dans cette machine infernale et cauchemardesque.

On y voit la migration à travers plusieurs prisme, chaque personnage étant exploré avec délicatesse et émotion. Du migrant à l’acteur politique, du policier au travailleur social. Jusqu’à l’impact sur les proches. Un regard fin pour une pièce touchante, mise en scène avec beaucoup de justesse.

© Cie Les Entichés

Le 20 février, nous avons poursuivi les échanges autour d’initiatives visant à favoriser l’intégration des réfugiés. The Human Safety Net, le Lab Ho, Yéobi, Echomi, Singa… Une dizaine de porteurs de projets sont venus témoigner de leurs actions et échanger avec les abonnés. Leurs structures sont présentées dans notre dossier du mois.