Comment favoriser l’intégration des réfugiés ?

Alors qu’elle a accueilli 46 700 réfugiés en 2018, sur 122 743 demandes d’asile, une vaste étude montre que la France peine à intégrer ses immigrés. À tel point que la seconde génération s’y sent souvent moins bien que la première.

Il y a quelques années, une photo a fait le tour du monde et bouleversé l’opinion publique. Celle d’un enfant de trois ans mort sur une plage en Turquie. La puissance de cette photo réside en ce qu’elle a permis d’individualiser ceux que nous appelons indifféremment migrants ou réfugiés. Pendant un temps, il ne s’est plus agi d’une masse globale, uniforme et approximative, mais d’Aylan. Et de son histoire. Celle d’un père parti du Kurdistan avec ses deux fils, fuyant la guerre et la persécution. De Kobané à Damas, puis de Damas à la Turquie, avec l’espoir de rejoindre un jour le Canada. Celle d’une famille violentée et arnaquée deux fois par des passeurs sur la terre ferme. Celle de deux enfants finalement morts lors d’une traversée en mer parce qu’un bateau de fortune surpeuplé avait chaviré au large des côtes.

Cette histoire est une parmi des millions. Et pour bien comprendre, il faut désormais reprendre un peu de distance et regarder le phénomène dans son ensemble. Car l’exil ne date pas de 2015, année de la photo d’Aylan et de l’afflux massif en Europe de réfugiés syriens et érythréens. Les migrations humaines ont en réalité commencé deux millions d’années plus tôt, lorsque l’Homo erectus a quitté son Afrique originelle pour traverser l’Europe et l’Asie.

Selon les chercheurs, deux types de facteurs poussent un individu à se déplacer sur Terre. Les facteurs d’attraction, dits pull, qui nous attirent quelque part (travail, études, tourisme…), et les facteurs de répulsion, dits push, qui nous poussent à quitter un endroit (catastrophe naturelle, famine, guerre, persécution…). Si la majorité de ces déplacements s’effectuent à l’intérieur d’un même pays, certaines personnes traversent les frontières et deviennent alors des immigrants.

Immigrant ou réfugié ?

L’ONU considère qu’il y a 200 millions d’immigrants dans le monde aujourd’hui. Yasmine précise que le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR), dont elle est membre, distingue parmi eux les « migrants économiques » des « réfugiés ». Les premiers « font le choix du déplacement pour de meilleures perspectives pour eux et pour leurs familles », à la différence des seconds, qui « craignant d’être persécutés du fait de leur race [leur origine], de leur religion, de leur nationalité, de leur appartenance à un certain groupe social ou de leurs opinions politiques, se trouvent hors du pays dont elles ont la nationalité ».

Le HCR regrette que, ces dernières années, les politiques dures en termes d’immigration « rendent très difficile, sinon impossible, l’entrée des réfugiés dans un pays où ils pourraient trouver la sécurité et le soutien dont ils ont besoin, et auxquels ils ont droit en vertu du droit international ». Car à la différence des migrants économiques, les réfugiés sont « dans l’obligation de se déplacer s’ils veulent sauver leur vie ou préserver leur liberté ». Aylan et sa famille, comme la majorité des migrants traversant la Méditerranée, viennent en effet « de pays en guerre ou en proie à des violences et des persécutions, comme la Syrie, l’Afghanistan, l’Irak ou l’Érythrée ».

On dénombre environ 20 millions de réfugiés dans le monde, dont 340 000 en France, où ils obtiennent un titre de séjour valable dix ans et bénéficient des mêmes droits que tous les autres citoyens, à l’exception du droit de vote. En 2018, l’Ofpra, l’organisme public français qui assure l’application de la Convention de Genève relative au statut des réfugiés, a traité 122 743 demandes d’asile et accordé 46 700 titres de séjour pour motif humanitaire (celui délivré aux réfugiés). La France compte ainsi 50 réfugiés pour 10 000 habitants, un ratio qui s’élève à 117 en Allemagne, 131 en Autriche ou encore 243 en Suède.

L’intégration, un enjeu majeur

Malgré son ratio relativement faible (qui la classe, selon les chiffres, entre le 12e et le 16e rang des pays d’accueil européens) la France peine à intégrer ses immigrés. À tel point que la seconde génération se sent souvent moins bien que la première. «Il y a une intégration à sens unique, avec la persistance de discriminations multiples», explique Cris Beauchemin, chercheur à l’Institut national d’études démographiques (Ined), l’un des auteurs de l’étude «Trajectoires et origines», menée par l’Insee et l’Ined auprès de 22 000 personnes.

Certes, une immense majorité des immigrés ou de leurs descendants se disent «d’accord» avec la phrase «je me sens Français» ou «je me sens chez moi en France ». Mais ils se heurtent régulièrement à ce que les auteurs appellent un «déni de francité», qui les renvoie à leurs origines. «La francité n’est pas attribuée sur la base de la nationalité ou de codes culturels, comme la langue, mais sur la vision de ceux qui ressemblent à des Français ou non ». Les premiers à en souffrir, note Cris Beauchemin, sont «les Africains, les Maghrébins et les Asiatiques, soit les minorités visibles. 50% des immigrés originaires d’Afrique, même naturalisés, pensent qu’on ne les perçoit pas comme Français». Il en résulte des situations de «dissonance» identitaire qui «se maintiennent, voire progressent au fil des générations».

Résultat : les immigrés de la deuxième génération se sentent moins intégrés que leurs parents. «Pour tout ce qui est socioculturel, comme la famille ou la langue, on assiste plutôt à un progrès d’une génération sur l’autre, mais sur les aspects socioéconomiques où il y a des barrières, comme l’école ou l’emploi, on est plutôt dans le sens d’une dégradation», précise le chercheur. Un descendant de parents nés en Turquie aura ainsi 27% de risques d’être au chômage, contre 8% pour la population majoritaire. «Il existe des mobilités, mais la société française n’est pas au diapason de sa diversité», signale Patrick Simon, directeur de recherches à l’Ined, qui a aussi travaillé sur cette étude.

Des temporalités multiples

Reste que l’intégration répond à plusieurs vagues temporelles, et qu’il ne s’agit ni seulement d’un travail humanitaire d’urgence, ni uniquement d’un travail socio-culturel de long terme. Elle englobe ces missions mais les dépasse. Elle les englobe parce qu’elles sont respectivement une condition et le résultat de l’intégration, mais les dépasse parce que l’intégration a aussi une dimension politique, sociale, économique, culturelle, civique…

L’urgence de l’accueil ne doit pas faire oublier que l’intégration n’est pas à sens unique, qu’elle suppose un effort réciproque du pays d’accueil et des personnes déplacées, pour gérer l’urgence (soigner, nourrir, vêtir, loger temporairement), le court terme (démarches administratives et juridiques), le moyen terme (apprendre la langue, trouver un emploi, un logement) et le long terme (intégration culturelle, intégration des enfants).

Le rôle du pays d’accueil et de ses citoyens est alors de construire des parcours d’intégration pour les nouveaux arrivants, d’assurer la promotion sociale, professionnelle et culturelle et d’agir contre les intolérances et les discriminations pour favoriser l’ensemble de ces processus.

L’urgence sanitaire et humanitaire

Face à l’urgence de l’accueil, l’action humanitaire est souvent nécessaire pour pallier le manque d’infrastructure et d’action publique sur cet aspect. Soigner, nourrir, vêtir, loger. Assurer le minimum au quotidien, avant de penser au reste.

Les centres d’accueil et leur personnel étant limités en termes budgétaires, les associations prennent un relai important. Ce qui leur est parfois reproché par ceux qui voient dans les efforts fournis en matière d’accueil un encouragement à la migration. «C’est une confusion entre les facteurs d’attraction et de répulsion, explique Frédéric Pénard, directeur des opérations de SOS Méditerranée. Les gens partent avant tout parce qu’il y a un push facteur. Ils fuient la Libye à cause des centres de détention, de l’esclavage… Pas parce que des gens sont prêts à les aider ailleurs. Ces problèmes n’étant pas réglés sur place, des gens continuent de fuir, de traverser la mer, et meurent sur le trajet. Les associations sont là pour essayer d’éviter un maximum que les gens meurent, pas pour les attirer comme des aimants.»

Jean-Michel Caudron, membre du Bureau de la Conférence des OING du Conseil de l’Europe, rappelle quant à lui l’importance du rôle joué par la société civile et les ONG dans le processus d’intégration des migrants et des réfugiés, dans la lutte contre les stéréotypes, la dissipation des malentendus, des fausses représentations à l’égard de l’immigration. Au-delà des ONG proprement dites, des citoyens agissent aussi hors des structures pour apporter chaque jour vêtements, nourriture ou aides quelconques sur les camps de fortune installés au détour d’un quartier.

Obtenir un titre de séjour

Quand l’urgence vitale est acquise, le labyrinthe administratif commence. Une demande d’asile est normalement individuelle. Est donc réfugiée toute personne qui a demandé l’asile et est reconnue par un État comme ayant fui son pays en raison de menaces sérieuses pour sa vie. Cette condition doit normalement être argumentée : le réfugié doit apporter à son État d’accueil la preuve de ces menaces, sauf dans le cas spécifique des conflits généralisés ou de guerres civiles largement reconnues sur le plan international.

Le Haut Commissariat des Nations unies pour les Réfugiés (HCR) reconnaît que «la capacité de mener un entretien personnel d’asile avec chaque personne ayant traversé la frontière n’est pas suffisante – et ne le sera jamais.» Pour y remédier, la première alternative est d’accorder par principe un statut de réfugié prima facie dans certains cas, par exemple pour les opposants et les journalistes d’un pays en guerre, ou, en fonction des pays, aux enfants pouvant être menacés par des actes de violence, aux femmes risquant d’être violées ou mariées de force, aux personnes appartenant à un groupe religieux ou un groupe ethnique…

Valérie Wolff, chercheuse en intervention sociale, qui a étudié les procédures administratives d’accueil des migrants et réfugiés, souligne « la complexité kafkaïenne des procédures d’accueil et d’hébergement des personnes déplacées, qui font intervenir des catégories d’acteurs extraordinairement variées : des acteurs publics, relevant de niveaux d’intervention différents (État, départements, communes…), des acteurs privés, mais également des citoyens, regroupés en associations ou intervenant de manière plus isolée ». Un univers inconnu et difficilement compréhensible, a fortiori quand on ne connaît pas encore la langue du pays d’accueil.

D’un point de vue plus théorique, Valérie Wolff rappelle toute « la subtilité et l’ambiguïté qui entoure des notions juridiquesqui se révèlent pour partie inopérantes dans le contexte actuel, marqué par des flux continus et massifs de personnes déplacées cherchant refuge en Europe ». À l’impuissance du droit cherchant à catégoriser des personnes dont les situations échappent à la rationalité juridique, s’ajoutent des principes d’action publique qui se révèlent sur certains points, sinon disqualifiés, tout au moins dépassés. « Toute l’articulation entre les différentes strates d’intervention publique, dans la coordination de l’action de l’Etat et des collectivités territoriales, singulièrement des communes, qui sont les premières concernées par l’arrivée des réfugiés sur le sol des pays européens, a besoin d’être adaptée. »

Langue et emploi, éléments clés de l’intégration

Qu’on le regrette ou non, l’exercice d’un travail est une forte condition d’appartenance sociale, un facteur d’identité majeur. Alors, quand il est question de l’emploi des réfugiés, l’enjeu est de taille : il s’agit d’intégrer à la société française des personnes aux cultures et aux parcours parfois très éloignés des normes de la société d’accueil.

Fatiha Mlati, directrice de l’intégration à l’association France Terre d’Asile, remarque que « les expériences en matière d’insertion sociale et professionnelle accumulées ces dernières décennies, mettent en évidence la nécessité d’un suivi personnalisé et d’une coordination des actions par les acteurs institutionnels. Cette exigence vaut encore plus pour la population réfugiée, handicapée par l’absence de maîtrise de la langue française et des dispositions sociales et culturelles qui commandent l’accès à l’emploi ».

Même si les réfugiés ne constituent pas une population homogène susceptible d’être l’objet d’une approche uniforme en matière d’orientation et de formation professionnelle, un trait commun rassemble selon elle la quasi-totalité des réfugiés statutaires : « ceux qui arrivent avec des compétences directement mobilisables sur le marché du travail en Europe constituent désormais une infime minorité ». Leur insertion professionnelle implique donc généralement plusieurs étapes comprenant des actions d’apprentissage de la langue du pays d’accueil, d’adaptation socioprofessionnelle et de développement des compétences professionnelles.

Et, une fois de plus, la difficulté de se projeter dans un parcours d’insertion est rendue encore plus complexe par la multiplicité des structures et des dispositifs par lesquels transite ce public. « Comparé aux autres demandeurs d’emploi nationaux ou d’origine immigrée, ils manquent cruellement d’informations pertinentes sur les règles régissant notre système de formation et sur les normes socioculturelles qui conditionnent l’accès à l’emploi, note Fatiha Mlati. Face à cette complexité, beaucoup de réfugiés, notamment les non-francophones et ceux ayant un faible niveau scolaire et de qualification, se trouvent désorientés et n’arrivent à saisir ni le sens ni la cohérence des actions dont ils bénéficient. »

Car, outre la question de l’emploi, les réfugiés doivent trouver en même temps des solutions pour leurs problèmes de logement, de santé, d’adaptation sociale et culturelle vis-à-vis d’une société très différente de celle qu’ils ont fui. « C’est à cause du cumul de ces difficultés périphériques, impossibles à traiter par les structures de formation et les services publics de l’emploi, que les actions de formation ne sont pas suivies dans de bonnes conditions, entraînant dans de nombreux cas absentéisme et abandon. »

Pour Fatiha Mlati, ce public fragilisé ne doit pas simplement être orienté, mais bénéficier d’un accompagnement méthodologique, économique, psychologique et social continu. « Les difficultés d’accès aux droits sociaux, à l’apprentissage de la langue et l’accès au logement fragilisent la construction des parcours d’insertion. »

Si l’accès à la formation qualifiante se fait majoritairement grâce aux droits générés par le statut de bénéficiaire du RSA, la reconnaissance de la qualité de réfugié n’est pas synonyme d’un accès direct aux droits sociaux. « Nous constatons une déconnexion entre le temps de l’obtention de la protection, le droit au séjour et l’accès au revenu de solidarité active, explique Fatiha Mlati. De plus, lorsque le droit au séjour est acté, la méconnaissance de la législation concernant l’ouverture du RSA par les acteurs des services de droit commun complique la tâche et retarde le dépôt de la demande. »

Dans son rapport annuel, France Terre d’Asile constate par ailleurs « une extrême fragilité » des réfugiés concernant le logement. Selon les données de l’observatoire de l’intégration, seuls 5% des réfugiés vivent dans un logement du parc privé locatif, et 2% en résidence sociale. Pour les autres : accueil d’urgence, hôtel social, structure d’hébergement provisoire ou logement chez un tiers demeurent les solutions majoritaires. L’une des principales raisons de cette précarité est évidente : l’accès au logement est subordonné aux ressources, donc à l’emploi.

Le deuil avant l’intégration

Émigrer, c’est « perdre l’enveloppe de lieux, de sons, d’odeurs, de sensations de toutes sortes qui constituent les premières empreintes sur lesquelles s’est établi le codage du fonctionnement psychique. Si le psychisme sait habituellement se rendre indépendant de ces sensations, de ces feed-back permanents sur lesquels il s’était autrefois constitué, c’est aussi à condition de continuer à baigner en leur sein. Je deviens indépendant du cadre culturel originaire et peux percevoir le monde à condition sans doute de l’avoir intégré, mais aussi à condition de l’avoir sous les yeux, à le percevoir en tant que forme ». En 1988, l’ethnopsychiatre Tobie Nathan raconte les effets psychologiques de l’exil dans un livre, quelque temps avant de fonder, en 1993, le Centre Georges-Devereux, centre universitaire d’aide psychologique aux familles migrantes.

Dans le prolongement de ce travail, Martine Lussier, docteur en psychologie, étudie les caractéristiques communes au deuil et à l’exil, qui justifieraient le rapprochement des situations. « Il s’agit d’une perte qui suscite un sentiment de douleur et oblige à un renoncement, explique-t-elle. Comme pour un décès, la perte de la patrie est une perte involontaire, subie. C’est une perte importante, car le pays est un élément constitutif de notre identité sociale. La patrie et les parents font l’objet d’un investissement affectif et ils appartiennent au même univers symbolique comme en témoigne le vocabulaire : symbolisme du père dans la patrie (patrie dérive du latin pater), mais aussi de la mère, puisque l’on parle de la mère-patrie et de la langue maternelle. Mais en perdant sa patrie, l’exilé est exposé à une multiplicité de pertes : perte d’une activité professionnelle, de moyens matériels et d’un statut social ; perte de la famille et du réseau social ; perte de la langue, perte d’une matrice culturelle… Ce qui peut nourrir un vif sentiment d’impuissance et d’exclusion. »

Il doit aussi accepter une autre perte, qui ne peut être compensée : celle du temps. Selon Martine Lussier, celle-ci « n’est pas perçue immédiatement, mais seulement quand le plus aigu des difficultés matérielles est surmonté ». L’exil implique un arrêt voire une cassure dans le déroulement d’une vie, soit par ce qui le précède (persécutions, emprisonnement, clandestinité…) soit par ce qui suit (régression sociale, professionnelle, discrimination…), qui sont autant d’emprises violentes sur une vie. « En France, la législation actuelle interdit aux demandeurs d’asile de travailler tant qu’ils n’ont pas obtenu leur statut : cette interdiction est vécue comme une régression, une infantilisation toujours mal supportée. »

Avant de parvenir à s’intégrer dans son pays d’accueil, l’immigré doit donc faire le deuil de son pays d’origine. Or, contrairement à la perte d’un être cher, ce pays existe toujours, et « le sentiment de frustration qui en découle peut entraver le travail psychique nécessaire à l’intégration ».

L’intégration, un mécanisme à double sens

Coincés entre un passé qui n’a plus de sens, un présent précaire et un avenir incertain, les réfugiés ne peuvent pas parcourir seuls le chemin qui les mènera à l’intégration. C’est un long processus réciproque, dont ils partagent la responsabilité avec leur pays d’accueil – institutions et citoyens confondus.

Guillaume Capelle, fondateur d’une association qui s’appuie sur une communauté citoyenne pour faciliter l’intégration des exilés, estime qu’il est nécessaire de « sortir du modèle où les réfugiés ne rencontrent que des gens qui sont payés pour les accompagner, et où la société se fait une idée de ces personnes qu’à travers son écran de télévision ». Il ajoute que « les personnes que nous accueillons viennent avec des talents et des choses à offrir », et que c’est à nous de « nous organiser pour qu’elles puissent les partager ».

À l’heure où conflits généralisés, crises économiques et crises climatiques poussent à l’exil, et où l’Europe continue d’ériger des frontières, des murs et des barbelés, citoyens et acteurs publics doivent répondre par des initiatives fortes et multiples. « Plutôt que de se demander si on peut accueillir toute la misère du monde, peut-être peut-on imaginer que chacun d’entre nous puisse s’ouvrir à la richesse du monde », ajoute Guillaume Capelle.

Car l’intégration n’est pas l’assimilation ou l’insertion. Elle nécessite la participation de tous, et non seulement des Français issus de l’immigration. On peut prendre la définition dans n’importe quel dictionnaire (« placer quelque chose dans un ensemble de telle sorte qu’il soit en harmonie avec les autres éléments », « faire que quelqu’un ou un groupe ne soit plus étranger à une collectivité », « recevoir et comporter en soi un élément qui originellement était extérieur ou distinct »…), elle implique toujours une action de l’élément accueillant.

Intégrer, au sens contemporain du terme, c’est permettre à un individu de retrouver sa capacité à se considérer comme membre d’un groupe. Du latin integrare, c’est-à-dire rendre entier. Sémantiquement comme politiquement, « intégrer » est le contraire de « séparer ».


Source des données : Office français de protection des réfugiés et apatrides, ONU, Haut Commissariat des Nations unies pour les Réfugiés, France Terre d’Asile, Institut national d’études démographiques, SOS Méditerranée.