Appuyé par leur maire, les habitants des Bois d’Anjou se sont rapprochés des producteurs locaux afin de pouvoir consommer des produits issus d’un rayon de moins de 30km. Ils ont ainsi réussi à référencer 426 produits. Une fois par semaine, les personnes intéressées peuvent passer commande via internet avant de venir retirer leurs produits dans deux points de distribution. Rencontre avec Arnaud Monchicourt, président de l’association gérant le drive et maire de la commune nouvelle Les Bois d’Anjou.
Comment est venue l’idée du Drive de produits locaux ?
Au départ c’est un projet émanant de la Commission économie de la commune nouvelle des Bois d’Anjou qui a travaillé avec un accompagnement de la Chambre d’agriculture pour élaborer le projet, l’étude de marché avec des enquêtes auprès des habitants et des producteurs locaux, les scénarios d’organisation puis une démarche participative pour la mise en œuvre. L’idée du drive des produits locaux émane du constat de la désertification de nos communes rurales. L’idée est de redynamiser nos communes, créer du lien entre les producteurs et les consommateurs et d’offrir des produits de qualité.
Quelles ont été les différentes étapes de la mise en place ?
Les agriculteurs et les consommateurs intéressés par le projet ont constitué des groupes afin de réfléchir au projet. Le premier groupe s’est occupé de la mise en place des points de distribution, l’identification du lieu, du matériel nécessaire (caisse plastique, frigos, étagères) ainsi que de l’aménagement. Ils ont réalisé toute l’organisation des distributions. Le deuxième groupe s’est occupé de la communication (flyers, affiches, conception de la trame, distribution etc…). Et le troisième s’est occupé de la gestion, de la comptabilité, de l’agrément des agriculteurs mais aussi des modalités pour la plateforme internet ou la banque.

Comment avez-vous travaillé avec les producteurs au lancement du projet ?
Les producteurs intéressés ont été conviés à participer à des ateliers collaboratifs afin de définir le fonctionnement. Ils ont été très intéressés par le projet en complément de leurs autres points de commercialisation. Nous leur avons proposé un service qui soit le plus rémunérateur possible. Actuellement, nous prenons une commission de fonctionnement de 12%. C’est très bas. Au début, certains ont voulu participer mais n’y croyaient pas plus que ça. Aujourd’hui, ils avouent avoir été surpris par la demande. Ils ont quand même aussi dû s’adapter à la vente au détail.
La mairie ne doit pas entrer en concurrence avec les acteurs économiques locaux…
Il n’existe pas sur ce territoire cette offre de proximité. Nous n’avons plus de commerce sur les communes qui accueillent les points de retrait. Seule une épicerie existe sur la commune nouvelle, le gérant n’a pas souhaité rentrer dans ce système « produits locaux ».
Comment le drive fonctionne-t-il au quotidien ?
Les consommateurs commandent sur la plateforme jusqu’au lundi minuit. Le paiement s’effectue de façon sécurisé par carte bancaire. Dès le mardi les fournisseurs ont l’ensemble des commandes pour chaque site de distribution. Ils ont jusqu’au vendredi 16 h00 pour approvisionner les points de distribution. Les bénévoles et fournisseurs de l’association assurent la distribution le vendredi de 17h00 à 19h00 à St Georges du bois et le samedi de 10h00 à 12h00 à Brion. Nous avons voulu un fonctionnement très simple. Que ce soit pour ceux qui gèrent le Drive ou pour les consommateurs. Chaque commande passe par internet. Il suffit de créer un compte, faire le choix des produits souhaités et enfin d’établir la quantité.

Tout passe par votre plateforme internet ?
Oui. Cela nous permet d’avoir des coûts de fonctionnement plus faibles mais également que les bénévoles passent moins de temps dans la gestion du service et la logistique. Les jeunes s’y sont mis rapidement. Pour la génération qui est moins à l’aise avec internet, nous essayons de faciliter l’accès à la plateforme. Par exemple, nous mettons en place des systèmes via les bibliothèques du territoire. Nous avons des bénévoles qui leur proposent de l’aide pour faire la commande.
Quels produits peut-on y trouver ?
De tout ! Nous avons aujourd’hui 426 produits locaux qui sont proposés. Cela peut être de la viande comme des légumes de saison ou des fromages, des yaourts, des biscuits, de la bière, du vin, du café, du miels, du pain, des œufs… Plus récemment, des objets de décorations ou des cosmétiques, des plantes de jardin, des vêtements et des bijoux. Le choix est large.
Comment sont-ils sélectionnés ?
Un producteur peut nous adresser une demande via le site internet pour faire partie des fournisseurs du Drive, ou alors les adhérents du drive repèrent des producteurs ou artisans pouvant compléter la gamme existante La candidature est ensuite examinée par le Conseil d’Administration qui valide ou non la demande. Le critère principal, c’est la localisation. La production et la transformation doivent être locales.

Avez-vous également une réflexion sur le bio ?
Nous avons avant tout mené une réflexion basée sur les produits locaux. Nous avons rencontré tous les agriculteurs pour regarder comment chacun travaille. Nous souhaitions vraiment que les produits que nous allions proposer soient au moins issus de l’agriculture raisonnée. Mais il y a une véritable demande pour le bio. Lors d’une enquête réalisée au départ du projet, 60% des personnes interrogées cherchaient des produits bio. Nous devions donc en proposer. Mais ce n’est pas une obligation, nous cherchons, dans les produits que nous proposons, des productions qui respectent la nature.
Combien de personnes utilisent aujourd’hui le drive ?
Nous sommes entre 50 et 60 paniers par semaines. Nous sommes très contents de ce résultat. Nous avions prévu 50 paniers à 25 euros de moyenne. En fait, nous avions sous-évalué ce dernier point. Nous sommes tout de suite arrivés à un panier moyen de 30 euros. Ce chiffre est en constante augmentation. Aujourd’hui, nous sommes aux alentours de 40 euros de moyenne. Il faut imaginer que ce ne sont pas toujours les mêmes personnes qui commandent. Nous avons deux types de clients. Il y a une trentaine d’habitants qui passent par le drive toutes les semaines et qui achètent tous les produits possibles pour éviter de consommer en supermarché. Parfois le panier peut atteindre 80 ou 90 euros ! Les autres commandent de façon régulière en fonction des produits disponibles chaque semaine.
Quel rôle joue la municipalité ?
La municipalité a joué un rôle de facilitateur pour initier la démarche et a entrepris une étude en lien avec la chambre d’agriculture. À ce jour elle soutient cette initiative en mettant des locaux à disposition gratuitement et en octroyant une subvention pour les équipements. Elle permet également à l’association de communiquer sur le site internet et sur les autres moyens de communication mise en place par la mairie.
Combien le projet a-t-il coûté ?
L’investissement de départ (achat des armoires frigorifiques, des étagères, des caisses individuelles de distribution, matériel informatique, le logiciel de gestion, communication…) était de l’ordre de 6000 à 7000 €. Les frais de fonctionnement (assurances, frais bancaires, consommables, produits d’entretien, logiciel de gestion, logiciel de comptabilité, communication…) sont de l’ordre de 7000 € par an. Nous économisons en gérant la comptabilité en interne
Est-ce rentable ?
L’association n’a pas pour but de faire des bénéfices. À ce jour, grâce à l’investissement des bénévoles, l’association rentre dans ses frais et peut ainsi respecter ses engagement auprès des producteurs. Nous prélevons une commission équivalente à 12% du montant HT des ventes des producteurs. Si par l’avenir, tout fonctionne correctement et que nous avons une petite provision de côté pour réaliser des investissements, nous essayerons de diminuer cette commission. À moins que nous fassions le choix de proposer de nouveaux services sans que cela coûte plus cher.